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Qui sommes-nous ?

A l’origine de ce site, des constats croisés :

Sensibles à la situation de nombreux migrants arrivant en Europe et en France, nous avons souhaité mettre en commun nos expériences pour contribuer à l’accueil de ces personnes. Ce site est le fruit d’un travail stimulé par plusieurs évènements croisés (et tout à fait hétéroclites) :
  • La dite « crise » migratoire aux portes de l’Europe
  • Les demandes répétées de formateurs bénévoles concernant l’enseignement du FLE
  • La volonté de sortir d’une visée purement utilitariste qui tend à réduire les personnes à leur situation d’urgence
Formateurs, chercheurs, enseignants, bénévoles, nous avons en commun la formation linguistique, c’est donc dans ce domaine que nous avons choisi d’agir. L’offre de formation linguistique proposée aux publics migrants est souvent assurée par des bénévoles peu formés, nous avons donc souhaité nous adresser en particulier aux bénévoles, mais aussi à tout formateur (salarié ou non) qui cherche à comprendre les situations de formation pour agir en conséquence.


Philosophie:

Appropriation: Que signifie s’approprier une nouvelle langue ? Une langue pour y vivre ? Nous pensons que s’approprier une langue c’est se transformer, c’est modifier notre regard sur le monde. Mais sans pour autant s’amputer de notre passé, au risque de se perdre. C’est pourquoi il importe de permettre aux personnes qui souhaitent apprendre le français d’intégrer ce projet à une histoire de vie plus large. D’un point de vue identitaire il nous importe de permettre à chacun d’articuler ses appartenances multiples. D’un point de vue pédagogique il nous semble primordial d’avoir conscience que de nouveaux savoirs, savoir-faire, s’inscrivent toujours dans un réseau de sens qui est propre à celui qui les acquiert.
 
Relation: Apprendre le français contribue à l’insertion des personnes qui arrivent en France, sans en être toujours le préalable. Cette insertion est le plus souvent pensée comme devant être d’abord professionnelle, mais le cours de français ne saurait se limiter à cet aspect. Apprendre une langue c’est aussi s’offrir la possibilité de nouvelles rencontres, de nouveaux liens. La relation formative peut être un véritable échange qui dépasse le déséquilibre purement linguistique. Nous pensons que l’appropriation du français repose avant tout sur la relation que chacun pourra établir à l’autre de la formation, ainsi qu’à la langue appropriée. L’insertion tant espérée représente pour le nouvel arrivant un bouleversement potentiel, bouleversement des repères, des habitudes, des normes, bouleversement langagier aussi, qui modifie sa capacité à participer à la communauté. Pour que ce bouleversement ne soit pas déséquilibre, celui qui « s’insère » doit pouvoir apporter du sien, et faire sien ce monde nouveau, pour contribuer de nouveau au commun.

Être en langue : Par l’appropriation d’une langue nouvelle, c’est potentiellement tout l’être qui est modifié : cette nouvelle langue découpe le monde différemment, ordonne autrement les prises sur le monde. C’est ainsi notre compréhension du monde qui en est modifiée. Être en français en France, c’est aussi appartenir à une communauté nouvelle qui ne doit pas effacer ce qui nous constituait jusque-là. Tels sont les enjeux importants que ce site voudrait contribuer à mettre en lumière, pour souligner le fait que l’appropriation d’une langue ne se limite pas aux usages fonctionnels que l’on en fait, mais qu’elle relève potentiellement d’une transformation existentielle.
 
Le piano oriental - Zeina Abirached
© Editions Casterman S.A./ Zeina Abirached