Partager

Répertoire langagier / bio langagière

Le répertoire langagier d’une personne désigne l’ensemble des ressources langagières dont elle dispose. Ce répertoire ne se limite pas à une langue ou un registre.
On peut amener les personnes à prendre conscience de ce répertoire, et à réfléchir aux relations qu’elles entretiennent avec leurs langues en leur proposant d’établir leur biographie langagière.
 

Exemple de bio langagière:

Titre?

Née en France, j’ai acquis le français qui n’est pas la langue de ma mère. J’ai été scolarisée en français, et c’est la langue que j’utilise le plus souvent, et que je maîtrise le mieux. En ce sens, le français est ma langue première, ou maternelle (bien qu’elle ne soit pas celle de ma mère).
En même temps que le français, j’ai acquis l’allemand, lors de séjours longs en Allemagne, dès ma naissance. Cette acquisition s’est faite en contexte familial, mais sur des périodes courtes. Je n’ai pas été scolarisée en allemand. Deux mois par ans, l’allemand était pour moi une langue seconde, dans laquelle j’étais tout aussi à l’aise (à l’oral) qu’en français. A l’âge de douze ans, j’ai cessé d’aller en Allemagne régulièrement, j’ai continué l’allemand lors des cours de LV1 au collège, puis au lycée. J’ai arrêté de pratiquer cette langue après avoir eu un diplôme d’allemand langue étrangère (« als Fremdsprache »). Je la comprends toujours, la parle et la lis, mais je la fréquente peu, et elle a pour moi un caractère de langue étrangère (– à statut familial !)
J’ai appris l’anglais à partir du collège, je le lis, l’entends et le parle de façon quotidienne (magazine, télévision, famille, travail), néanmoins, je ne l’ai jamais vraiment pratiqué dans un pays anglophone. Peut-être devrait-ce être la langue que je parle la plus étrangère à mes yeux, pourtant elle m’est familière, et je l’utilise lors « d’alternance codique » avec mon mari. Je ne sais pas quel statut lui attribuer. Peut-être seconde, pourtant, l’anglais que j’utilise ne me semble pas assez normé pour pouvoir le considérer comme une langue seconde.
J’ai appris le grec moderne à l’INALCO, dans une situation exogène, avec peu d’occasions de le parler. J’ai par la suite travaillé deux ans dans une bibliothèque à Corfou, où j’ai pratiqué le grec dans le cadre professionnel et dans mon quotidien, hors contexte familial, le grec était alors pour moi une langue seconde. Je vis dorénavant en France et n’ai que peu d’occasion de pratiquer le grec.
L’italien et l’espagnol, que je comprends un peu sont pour moi des langues étrangères. Voisines de ma langue première, j’accède à leur compréhension, que je les aie étudiées (c’est le cas de l’italien au lycée) ou non (c’est le cas de l’espagnol).
Il me semble que les divers statuts des langues dans le cadre de l’établissement d’un répertoire langagier peuvent varier en fonction du contexte de vie de l’individu. Les expériences décrites ci-dessus me paraissent le mettre en lumière. En effet, les illustrations ci-dessus montrent que même au niveau individuel, le statut d’une langue varie selon le moment dont on parle, la durée de présence dans un pays où la langue est parlée, l’aisance du locuteur.

Depuis le Soudan

Né au Soudan, l’arabe est ma langue première. Même s’il y a beaucoup de dialectes dans mon pays, je parle surtout l’arabe qui est la langue officielle.
Jusqu’au collège, je parlais uniquement en arabe puis j’ai commencé à apprendre l’anglais comme matière d’enseignement. Aujourd’hui, je le parle, le lis et l’écris bien. Je suis très à l’aise en anglais parce que j’ai dû quitter le Soudan pour Malte, et là-bas, j’ai dû beaucoup pratiquer cette langue pour communiquer et trouver du travail.
J’ai passé 4 ans à Malte, j’étais cuisinier dans différents établissements (restaurants, grands hôtels, buisiness schools) et parmi mes collègues il y avait plein de nationalités différentes, et donc plein de langues. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à entendre des personnes parler en français, mais comme on venait de différents pays c’était plus simple d’utiliser l’anglais.
En revanche, en dehors du travail, j’ai dû apprendre à parler le maltais. Au fur et à mesure, j’ai rencontré de plus en plus de personnes nées à Malte et ils m’ont appris à m’exprimer en maltais, surtout à l’oral même si je l’écris un petit peu.
En 2009, j’ai demandé à partir en France. J’avais rencontré des personnes françaises et d’autres étrangers qui souhaitaient s’y rendre. En février 2010, je suis arrivé à Paris puis on m’a conduit en Normandie. En signant le CAI, j’ai appris le français en 300 heures dans une formation de l’OFII et j’ai eu mon DILF. Par la suite, j’ai accumulé des stages et des petits emplois, puis j’ai retrouvé une amie espagnole qui est devenue ma compagne. A la maison, on parle beaucoup espagnol parce que ma compagne ne parle pas beaucoup anglais, et encore moins français. Mais, on écoute la musique française et on regarde très souvent la télévision.
Moi, je veux apprendre encore apprendre le français, c’est pourquoi je me suis inscrit en formation.  Je parle beaucoup de langues, mais j’ai besoin d’améliorer mon français, surtout à l’écrit.